Le futur “Moderna” français ? La biotech lyonnaise Osivax développe un vaccin universel contre le coronavirus
Comme pour Moderna dirigé par l’ex-directeur général de bioMérieux, Stéphane Bancel, il s’agit d’une innovation disruptive dans le domaine des vaccins.
Suite à l’échec de Sanofi, tout-de-même n° 2 mondial en matière de Santé, pour sortir rapidement un vaccin contre le coronavirus, comme Pfizer ou Moderna, on a beaucoup glosé sur l’état de la recherche médicale en France.
Et de facto, sur cet état de la recherche médicale à Lyon, l’un des principaux pôles mondiaux en matiére de maladies infectieuses.
Faut-il jeter aux orties notre recherche médicale ? Sans doute pas, car derrière cet échec d’une “Big Pharma”, il existe de nombreuses start-up du secteur des biotech qui seront peut-être en France les “Moderna” de demain.
Et parmi celles-ci figure Osivax qui, basé à Lyon et possèdant une antenne à Liège, justement travaille, dans la plus grande discrétion sur un vaccin qui ferait fi des différents variants du Covid-19 qu’ils soient britanniques ou originaires d’Afrique du Sud : Osivax, dirigée par Alexandre Le Vert, 41 ans, passé par l’X et Harvard, notamment.
La démarche d’Osivax a été de cibler une protéine virale qui mute peu, en l’occurrence, “une protéine recombinante”.
Certes Osivax n’a pas touché, en l’occurrence du gouvernement américain, comme Moderna, un milliard de dollars, mais tout-de-même plus de 30 millions d’euros pour développer ses vaccins contre la grippe et contre les coronavirus. Ce qui permet au passage de mesurer la différence d’échelle entre les deux pays, ce qui peut expliquer un certain nombre de choses…
Une approche innovante
Il n’empêche, comme “Moderna”, la biotech lyonnaise Osivax développe une approche innovante pour contrer les mutations permanentes des virus.
La technologie d’Osivax, appelée “oligoDOM”, vise une nucléoprotéine virale, une protéine qui constitue la structure du virus et dont le taux de mutation est faible. “On cible une partie du virus beaucoup plus stable”, explique Alexandre Le Vert.
Une approche qui lui permet de développer des vaccins avec l’objectif de les rendre efficaces contre les futures souches de coronavirus qui pourraient apparaître.
Dans le cadre de ce programme, la Banque Publique d’investissement (BPi) a accordé 15 millions d’euros à Osivax dans le cadre du programme “Projets structurants pour la compétitivité” ; idem pour l’Union Européenne, via le Conseil européen de l’innovation qui a retenu le projet d’Osivax sous la forme d’une participation de 15 millions d’euros.
L’entreprise avait auparavant bénéficié d’une levée de fonds de 10 millions d’euros.
La société qui compte une trentaine de personnes dispose donc d’une trésorerie d’une trentaine de millions d’euros.
Une somme qui servira à avancer sur l’essai clinique concernant ce candidat-vaccin universel contre le SARS-Cov-2, encore à un stade pré-clinique, c’est-à-dire en test sur les animaux pour s’assurer de son inocuité. « Nous souhaitons commencer l’essai clinique de phase I en 2021, d’ici la fin de l’année« , détaille Alexandre Le Vert, le président et cofondateur d’Osivax.
L’évaluation clinique sera menée en collaboration avec l’AP-HP (Assistance Publique-Hopitaux de Paris), ainsi qu’avec l’Inserm.
Il est vrai qu’en cas de crise sanitaire encore plus grave que celle que nous connaissons actuellement avec l’arrivée de différents variants, l’existence d’un vaccin universel serait le bienvenu !
Une accélération du processus demanderait bien évidement des moyens bien plus considérables que ceux dont bénéficie pour l’heure Osivax. Une biotech, son responsable en convient volontiers, qui à terme devra faire affaire avec une Big Pharma.
Le vaccin universel contre la grippe, plus avancé
En attendant ce vaccin contre le coronavirus SARS-Cov-2, les choses sont beaucoup plus avancées avec le projet de vaccin universel contre la grippe sur lequel Osivax travaille depuis de nombreuses années.
On le sait, un tel vaccin serait aussi fort utile contre la grippe saisonnière dont le vaccin traditionnel rate souvent son effet, du fait là encore de mutations mal anticipées, son taux d’efficacité pouvant être faible. Il n’y aurait alors, si le projet d’Osivax aboutit, qu’à effectuer la même injection de vaccin, chaque année.
Ce candidat-vaccin contre la grippe est actuellement en phase 2a.
La phase suivante concernerait 3 500 personnes.
Alexandre Le Mer est optimiste sur ce futur vaccin grippal : “Nous sommes très enthousiastes à son égard”, lance-t-il.
Ne rêvons pas, le vaccin d’Osivax ne va pas pallier le manque actuel de vaccins contre le Covid-19, mais la start-up lyonnaise, si elle va au bout de sa démarche, pourrait bien permettre l’irruption, à terme d’un vaccin qui pourrait permettre de faire face avec beaucoup moins de difficultés qu’aujourd’hui, à de futures pandémies.
Osivax pourrait bien alors bénéficier de la même notoriété qu’un Moderna aujourd’hui.
Pour l’heure, Alexandre Le Vert se félicite au moins d’une chose : “Je suis ravi de montrer qu’il existe en France des équipes de recherche qui travaillent et qui avancent ! “ A suivre…